« Quand vous avez très faim, une pomme de
terre n’a pas de peau. »
Généralités :
Tout le monde
connait l’histoire de ce tubercule de la famille des solanacées (comme la
tomate) venant de la Cordillère des Andes et ramené en Europe par les
conquistadors. La pomme de terre servait surtout à l’alimentation des cochons
au début et c’est Antoine Parmentier, qui 150 ans plus tard, entreprit une vaste campagne de promotion pour ce
tubercule, aujourd’hui le plus cultivé après le riz, le blé et le maïs.
Chaque année,
chacun de nous consomme plus 22 kg de pommes de terre. Et d’ailleurs mon
département de la Haute-Saône a longtemps été un producteur de ce féculent,
d’où son surnom de Haute-Patate.
Il y a
tellement de variétés différentes qu’il est impossible de toutes les nommer
mais il y en a pour tous les goûts des plus précoces aux tardives, qu’elles
soient blanches, jaunes, roses, rouges ou noires (plutôt violettes).
Culture de la pomme de terre
Il est inutile
de se presser pour planter les patates d’autant qu’elles craignent les gelées.
Il faut que la terre soit réchauffée avant de les planter. Au sud de la Loire, vous pouvez
les planter dès la mi-mars mais au nord il vous faudra attendre la fin avril
pour le faire voire le début mai. On dit par ici qu’il faut que le lilas ait
fleuri pour planter ses patates.
Après avoir
passé la grelinette ou biné le sol, le long du cordeau faites un sillon au buttoir à 10 cm de profondeur environ, en distançant les rangs
de 50 à 70 cm.
Epandez une
légère couche de compost bien décomposé dans le sillon. Déposez délicatement vos
plants prégermés en respectant une distance de 30 à 50 cm au fond du rang, les
germes tournés vers le haut. Pas besoin d’arroser après la plantation, le tubercule
a sa propre réserve d’humidité, lui suffisant amplement.
Ramenez la
terre de chaque côté du sillon pour recouvrir les pieds de patates.
A ce stade,
deux solutions s’offrent à vous : où vous les buttez de suite, ou vous
attendez qu’elles aient levé. J’ai essayé les deux et comme je leur mets un bon paillage, je
préfère les butter de suite. Mais l’avantage de les butter plus tard, c’est
qu’on peut en profiter pour éliminer les mauvaises herbes de la planche de
pommes de terre.
Pour les
butter, il suffit de ramener de chaque côté des pousses, la terre située entre
les rangs, au crochet ou au piochon. Une butte de 15 à 20 cm de hauteur sur
30 à 40 cm de largeur est nécessaire pour que le pied soit bien maintenu.
Mais on peut
aussi s’épargner cette corvée si on plante peu de pommes de terre et si on
dispose de suffisamment de paille pour en faire une couche très épaisse sur les
plants. En ce cas-là, c’est la paille qu’on ramène en butte sur les pieds. Mais
attention aux rongeurs et limaces qui s’y dissimulent.
Ce buttage
favorise la formation des tubercules. Il est important que les jeunes pommes de
terre soient toujours couvertes sinon elles vont former de la solanine et
verdir ce qui les rend toxique.
Pour les
pailler, servez-vous des résidus de la taille de vos haies (y compris thuya, ce
que je fais), la tonte du gazon mélangée à de la paille, de la paille seule… Le
paillage a de multiples avantages. D’abord il protège la terre du tassement du
à la pluie surtout les années où il pleut beaucoup comme ce fut le cas en 2014,
ensuite il empêche les semences d’herbes indésirables de s’enraciner, il
protège de la sécheresse et en plus en se décomposant, il apporte des
nutriments au sol.
Pas de panique
si un coup de gelée tardif a eu lieu. La 1ère chose si vous vous en
apercevez au petit matin, vous pouvez limiter les dégâts en arrosant
abondamment les feuilles pour faire fondre la glace avant que le soleil ne les
grille. Mais si c’est trop tard et que tout est grillé, la nature est bien
faite et rien n’est perdu. Les pommes de terre rejetteront encore une fois (c'est-à-dire
qu'elles feront une nouvelle pousse).
Si toutes les patates fleurissent, seules certaines donneront des petits fruits tout ronds non comestibles.
Jardiner avec la lune
La pomme de
terre étant un légume-racine, il faut donc la planter en lune descendante. Le
buttage, puis la récolte se feront aussi en lune descendante.
La récolte :
Les pommes de
terre arrivent à maturation de 70 jours pour les précoces (tels l’Amandine,
Apollo, Belle de Fontenay, Résy, Sirtema) à 120 jours pour les moyennement
précoces (tels la Bintje, Charlotte, Monalisa) voire 150 jour pour les tardives
(tels la Pompadour, Roseval). Mais pour les conserver tout l’hiver, dès qu’elles
sont à maturité, coupez le feuillage et laissez encore les tubercules en pleine
terre pendant 3 semaines. Puis par temps secs avec un crochet, arrachez les
pieds en veillant à ne pas blesser les plants. Laissez-les sur le sol quelques
heures afin qu’elles ressuient puis rentrez-les à l’abri de la lumière pendant
15 jours étalés dans un endroit frais avant de les stocker en caissettes ou en
sacs dans une cave ou un local fermé à l’abri du gel.
Attention les
pommes de terre hâtives ne sont pas des précoces mais des tubercules ramassés
avant leur maturité qu’il vaut mieux consommer rapidement.
Quelques variétés les plus courantes
Variétés
|
Type de chair
|
Précocité
|
Conservation
|
Résistance au
mildiou
|
Agata
|
Chair farineuse
|
Demi-précoce
|
Moyenne conservation
|
Moyenne
|
Amandine
|
Chair
ferme
|
Précoce
|
Faible
conservation
|
Faible
|
Annabelle
|
Chair ferme
|
Précoce
|
Faible conservation
|
Faible
|
Apollo
|
Chair fondante
|
Précoce
|
Faible
conservation
|
Bonne
|
Belle de Fontenay
|
Chair ferme
|
Précoce
|
Faible conservation
|
Faible
|
Bernadette
|
Chair
ferme
|
Demi-précoce
|
Moyenne
conservation
|
Bonne
|
BF15
|
Chair ferme
|
Demi-précoce
|
Faible conservation
|
Moyenne
|
Bintje
|
Chair farineuse
|
Demi-précoce
|
Moyenne
conservation
|
Moyenne
|
Blanche
|
Chair farineuse
|
Demi-précoce
|
Bonne conservation
|
Bonne
|
Charlotte
|
Chair
ferme
|
Demi-précoce
|
Moyenne
conservation
|
Bonne
|
Chérie
|
Chair ferme
|
Précoce
|
Faible conservation
|
Faible
|
Désirée
|
Chair farineuse
|
Demi-tardive
|
Bonne
conservation
|
Bonne
|
Elodie
|
Chair fondante
|
Précoce
|
Bonne conservation
|
Moyenne
|
Manon
|
Chair farineuse
|
Précoce
|
Bonne
conservation
|
Moyenne
|
Monalisa
|
Chair fondante
|
Demi-précoce
|
Moyenne conservation
|
Bonne
|
Nicola
|
Chair
ferme
|
Moyenne
|
Bonne
conservation
|
Moyenne
|
Osatara
|
Chair fondante
|
Précoce
|
Moyenne conservation
|
Faible
|
Pompadour
|
Chair
ferme
|
Tardive
|
Bonne
conservation
|
Moyenne
|
Ratte
|
Chair ferme
|
Demi-précoce
|
Moyenne conservation
|
Faible
|
Résy
|
Chair fondante
|
Précoce
|
Bonne
conservation
|
Bonne
|
Rosabelle
|
Chair fondante
|
Précoce
|
Moyenne conservation
|
Bonne
|
Roseval
|
Chair
ferme
|
Tardive
|
Bonne
conservation
|
Faible
|
Samba
|
Chair fondante
|
Précoce
|
Bonne conservation
|
Bonne
|
Sirtema
|
Chair fondante
|
Précoce
|
Faible
conservation
|
Moyenne
|
Maladies et ravageurs
Le premier
moyen pour lutter contre les maladies et les ravageurs, qui est valable pour
toutes les plantations, est la rotation des cultures. Ne jamais planter ou
semer deux années de suite au même endroit.
Le ravageur
par excellence des pommes de terre est le doryphore. Le moyen le plus
biologique est le ramassage à la main de ce cousin de la coccinelle, sans
oublier les amas d’œufs jaunes sous les feuilles. Pour une action répulsive
pensez à planter à proximité des raies des pieds de ricin, du lin, des cosmos,
de l’absinthe et/ou de l’ail… et pourquoi ne pas laisser gambader quelques
poules dans le champ ? Elles mangeraient en même temps les taupins qui
rongent les tubercules. En cas d’infestation massive, les biopesticides comme
Novodor sont très efficaces contre la larve du doryphore. Une première
application bien planifiée au moment où 10 % des œufs sont pondus, suivie de
deux autres applications après cinq à sept jours d'intervalle pourront offrir
une efficacité égale à celle des insecticides conventionnels.
Une maladie,
le mildiou a une grave incidence sur ce légume. C’est une
maladie qui se propage très vite, favorisée par l’humidité. Elle s’attaque aux feuilles
qui noircissent avant de contaminer les tubercules qui finiront par pourrir. La
première précaution est de ne jamais mouiller le feuillage. Ensuite, dès que
vous voyez une plante contaminée, coupez les fanes afin que la maladie ne s’étende
pas aux plants voisins car le mildiou s’étend extrêmement rapidement. Le seul
traitement vraiment efficace reste la bouillie bordelaise, qui bien qu’étant un
pesticide, reste autorisée pour le moment en culture biologique. Néanmoins, les
années très pluvieuses, vous pouvez agir de façon préventive avec des
aspersions régulières de purin de prêle, de sauge, de tanaisie ou de bardane à
pulvériser tous les 15 jours. D’autres traitements écologiques sont
proposés : le bicarbonate de soude (2 à 3 grammes par litre d'eau) que
vous pouvez vaporiser sur les feuilles, mais aussi le romarin à cinéole, une
huile essentielle ayant donné de bons résultats (20 gouttes pour 5 litres
d'eau).
De plus en
plus de producteurs se servent aujourd’hui de thé de compost pour traiter
préventivement contre les spores du champignon responsable du mildiou. Pour
faire votre propre thé de compost (si vous n’avez pas de composteur le
récupérant), prenez un sac de toile, dans lequel vous mettrez du compost bien
décomposé. Déposez ce sac dans un seau d’eau
de pluie pendant au moins une semaine. Vous obtiendrez une forme de jus foncé.
Remettez votre compost dans le composteur et récupérez le jus. Votre thé de
compost est prêt à être utilisé à raison de 1 volume pour 10 volumes d’eau. De
plus ce thé est excellent pour tous les plants du jardin en période de
croissance mais toujours dilué.
Culture sur gazon
Et oui, vous avez bien lu, vous pouvez cultiver vos pommes de terre sans binage, sans buttage, sans fatigue. Simplement en les posant sur le gazon et en les recouvrant de votre tonte. Vous voulez une preuve ? La voici !
Alors à vos tondeuses !
Culture sur gazon
Et oui, vous avez bien lu, vous pouvez cultiver vos pommes de terre sans binage, sans buttage, sans fatigue. Simplement en les posant sur le gazon et en les recouvrant de votre tonte. Vous voulez une preuve ? La voici !
Alors à vos tondeuses !