Il y a
différentes sortes de fumier, chacun amenant un amendement qui lui est propre
comme nous allons le voir. Vous avez les fumiers dits froids, les fumiers dits
chauds et pour chacun un type d’utilisation.
Une règle d’or dans
un potager (je précise car en agriculture le raisonnement et les besoins sont
différents) : ne
jamais utiliser de fumier frais !
En effet, il contient des bactéries pathogènes et des graines de mauvaises
herbes qui ne demandent qu’à germer, le compostage étant une fermentation, détruira
ces éléments. En outre, le fumier frais enfoui dans le sol ne se décompose que
très lentement car il n’est pas oxygéné, et le processus risque d’appauvrir le
sol en azote. Il faut donc toujours le composter. Nous verrons comment procéder.
Sachez
également que le fumier, quel qu’il soit, n’est pas un engrais mais un
amendement, c’est-à-dire qu’il améliore la structure du sol et augmente l’activité
biologique.
Les fumiers chauds
Le fumier de cheval ou d'âne ou de mulet
C’est
probablement le meilleur des fumiers. C’était le fumier dont on se servait pour
les couches. Sa chaleur dégage 80° en moyenne, c’est pour cela qu’il permettait la constitution
des couches chaudes mais à dose plus faible qu’avec un autre fumier.
Mettez tous
vos légumes coriaces comme les trognons de choux, les pelures d’agrume à
décomposer avec le fumier de cheval, sa chaleur aidera à démarrer leur
décomposition.
Il apporte
de l’azote au sol. Il ameublit les terres lourdes.
Sa
conservation demande un fort tassement et des arrosages réguliers. Parfois un
champignon l’envahit, causant une déperdition en azote. Chaque fois que vous
constaterez sa présence, un arrosage du tas s’impose.
Le fumier de mouton et le
fumier de chèvre.
C’est
également un fumier chaud de grande qualité à employer dans les terres fortes
et argileuses. Son action est plus durable que celle du fumier de cheval. Il faut bien le composter sans quoi, il
brûlerait tous vos semis et plantations. Il est important pour le compostage de
bien l’émietter avec une fourche car c’est un fumier compact et sec et son
processus de fermentation est plus lent. Incorporez-y de la vieille paille, vos
déchets verts et arrosez-le. Il faut en
moyenne 3 mois pour avoir une bonne fumure décomposée. Si l'année n'est pas
suffisamment pluvieuse, mieux vaut l'arroser de temps en temps car le
compostage sera beaucoup plus long.
C’est un
fumier riche en potasse.
Le fumier de basse-cour (colombine
ou poulaitte)
La colombine
est la fiente de pigeons.
C’est un
produit très riche et très concentré particulièrement en azote. Il a une action
coup de fouet. Même à faible dose, il exerce une action énergique sur les
légumes, surtout sur les légumes-feuilles et les cucurbitacées.
Si vous n’avez
pas de colombine, vous pouvez vous servir de poulaitte formée par les
déjections de basse-cour. L’action est moins énergique que la colombine.
N’employez
pas ces amendements en couverture car ils brûleraient les plantes. Faites les
composter sous une bâche pour les protéger du soleil et de la pluie. N’ajoutez
ni cendre, ni scories et encore moins de la chaux car ça provoque de sérieuses
déperditions d’azote.
Utilisez-le
avec modération seul et étendu d'eau ou, mieux, incorporez-le à un compost
d'herbes fraîches ou de feuilles mortes.
Les fumiers froids
Le fumier de vache
Un
incontournable et celui que l’on peut trouver le plus facilement. Fumier froid,
il ne brûlera pas vos légumes.
C'est
peut-être celui que vous pourrez trouver le plus facilement.
Il est
polyvalent mais convient particulièrement bien aux terres légères sableuses
pour leur donner une bonne consistance.
La présence
importante de paille dans ce fumier apporte de l’humus au sol lors de sa
décomposition.
Le fumier de porc
C’est un
fumier qui a mauvaise réputation car son action est courte et il est très
aqueux donc difficile d’emploi.
Cependant
certains légumes comme le céleri et le poireau l'apprécient beaucoup.
Elément non
négligeable, il semble avoir une action répulsive contre les taupes.
Sa richesse
en potasse peut en faire un atout.
Le fumier de lapin
Il ne
présente pas grand intérêt en raison de sa pauvreté en élément fertilisant.
Divers
Le guano
Le guano est
un fertilisant composé des excréments d’oiseaux marins et de chauves-souris. Il
n’est pas considéré comme un amendement mais comme un engrais en raison de sa
richesse importante en azote et en phosphore. Il est assez comparable avec la
colombine ou la poulaitte.
On l’épand
avec les semis et les repiquages pour favoriser la croissance des plants
Les fumiers déshydratés et
pulvérisés du commerce.
Ils peuvent
être de bonne qualité. A vous d’être vigilant sur ce que vous achetez. Certains
peuvent contenir des résidus d’antibiotiques. Des fabricants les enrichissent
de produits chimiques de synthèse.
Ils sont
néanmoins d’un emploi facile. Et pour les jardins citadins ils sont plus faciles
à obtenir, transporter et stocker qu’un véritable fumier.
Bien composter son fumier
La plus
simple façon de faire est du fumier vieilli. C’est ce que je fais. Je dépose le
fumier dans un coin de mon pré à la fin de l’hiver. Je l’émiette à la fourche
et fais un beau tas. Puis je le recouvre de cendre de bois pour éviter le lessivage
des pluies. Si vous n’avez pas de cendre, une couche de paille fais l’affaire.
Et je l’oublie jusqu’à la fin de l’automne où je le répands sur mon potager,
mes arbustes fruitiers et décoratifs… Au printemps suivant, je le mélange à de
la terre pour faire mes jardinières fleuries.
Hormis mon
fumier vieilli, je réserve une partie du fumier pour le faire composter dont je
me sers plus volontiers au moment des semis et des plantations. En effet avec
la fermentation au cours du compostage, toutes les bactéries, ainsi que les
graines de mauvaises herbes seront détruites par la chaleur si la fermentation
dure assez longtemps (au moins 6 semaines de dégagement de chaleur). Pour cela,
il faudra retourner le tas 2 fois en un mois et demi.
Mais pour avoir
un équilibre en fertilisant il est important qu’il y ait de la paille (au naturel
comme pour le fumier de vache ou par adjonction) mais vous pouvez aussi y
mettre des déchets verts broyés.
Si vous
constatez que le fumier est trop sec, n’hésitez pas à l’arroser.
Si toutefois
vous n’avez pas la place de faire un tas de fumier à composter et que vous
souhaitez vous servir de fumier frais. Il vous faudra l’étendre à l’automne et
surtout ne pas l’enfouir. En effet si
vous l’enfouissez, le fumier privé d’oxygène ne se décomposera pas mais
pourrira. En même temps au lieu d’apporter de l’azote, il pompera celui du sol.
Donc vous l’étendez sur votre terre et vous le laissez en place pour l’hiver.
Au printemps, il s’incorporera au cours des binages.
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