"Conseil d'un chasseur : pour chasser le lapin, mettez-vous
derrière un arbre et imitez le cri de la carotte ! "
Pierre
Doris
Généralités :
La carotte
pousse à l’état sauvage depuis plus de 5000 ans en Asie Mineure, sa
consommation a commencé vers le 6ème siècle environ. Mais avec son
amertume, sa peau épaisse, sa chair blanchâtre et filandreuse, elle n’a pas eu
beaucoup de succès. Dès la renaissance, on commencera à rendre l’espèce plus
tendre mais c’est au XVIème siècle, seulement que la carotte sera améliorée.
Mais on ne la connaissait que sous les couleurs blanche, jaune, rouge, verte,
pourpre et noire et elle acquiert sa
belle couleur orangée au XVIIème siècle grâce aux hollandais désireux de montrer leur fidélité à la Maison Orange, une principauté
protestante de France. C'est la première carotte charnue, dite « carotte longue
orange ».
Aujourd’hui
cette bisannuelle avec sa racine pivotante (on parle ainsi des racines s’enfonçant
verticalement, assurant la stabilité de la plante), riche en carotène, est un
incontournable de toutes les cuisines.
Variétés de carottes :
Les variétés
sont nombreuses. A vous de découvrir celle qui convient le mieux à votre terre,
à la saison et celles qui vous paraissent le plus à votre goût gustativement.
• Les carottes longues : grosses
racines, coniques ou cylindriques à collet large qui sort de la terre, elles
sont rustiques et vigoureuses. Elles conviennent bien pour des récoltes en
automne et en hiver. Elles aiment la terre profonde.
• Les carottes demi-longues (type
Nantaise) : les plus connues et les plus appréciées, ses racines sont
cylindriques, de 15 à 20 cm de longueur. Elles sont destinées aux récoltes d’été et
d’automne.
• Les carottes demi-courtes (type
Chantenay) : variétés vigoureuses et rustiques pour des récoltes à l’automne.
Plus courtes, elles peuvent être également cultivées dans des sols lourds et
peu profonds.
• Les carottes courtes : ce sont
des variétés à racine très courte, moins productives légèrement allongée et à
faible feuillage pour des récoltes en fin de saison avant les grands froids.
Culture :
La carotte
aime l’ensoleillement, les sols légers, profonds, sableux de préférence. Si la
carotte apprécie un sol assez riche, ayant été fumé l’automne précédent, elle
réagit mal aux apports d’engrais azoté durant la culture. Les carottes
fourchues, tordues viennent plutôt d’un apport de matières organiques fraîches,
d’un fumier trop pailleux plus que de cailloux dans le sol.
Le semis :
Les graines
sont pourvues de barbes qui les accrochent les unes aux autres, ce qui
provoquent des semis irréguliers. Pour casser ces barbes, frottez-les entre vos
paumes avec du sable : c’est le persillage.
La germination
des carottes est très capricieuse. Vous pouvez les mettre à tremper 48 hrs dans
de l’eau tiède pour hâter la germination. Ou mieux enfermez-les dans un linge
mouillé et enterrez le paquet pendant 3 jours à une quinzaine de cm de
profondeur. Une fois déterrées vous constateriez que les graines commencent
déjà à germer, semez-les très rapidement. Il faut malgré tout compter environ 3
semaines pour voir vos carottes émerger du sol. Vous pouvez mélanger avec votre
semis de carottes quelques graines de radis ou de navets. L’arrosage doit être
fréquent car la terre doit rester humide.
Semez en lignes
espacées de 30 cm. Recouvrez légèrement de terre et plombez avec le dos du râteau.
Une règle : le temps que vous perdrez à semer doucement de façon clairsemée,
vous le gagnerez au moment de l’éclaircissage.
Eclaircissez
vos plants tous les 8 cm. La carotte déteste la concurrence donc il faudra la
désherber régulièrement et pratiquer des
binages réguliers. Il convient également d’arroser régulièrement, les carottes
souffrent vite de la sécheresse.
Jardinez avec la lune :
Préparez le
sol en lune descendante
Semez en lune
montante
Éclaircissez
en lune descendante
Récoltez en
lune descendante
Calendrier de culture
Récolte :
Semez vos
carottes de quinzaine en quinzaine jusqu’au mois de juillet. Vous pourrez ainsi
échelonner les récoltes. Les 1ères carottes
à être récoltées seront les produits des éclaircissages : choisissez donc
les plants ayant les feuilles les plus nombreuses et les plus développées. Ce
sont elles qui ont la plus forte racine. Surtout rebouchez le trou ensuite car
cela dessécherait la terre.
Une fois
arrachées, supprimez les fanes et
laissez les carottes ressuyer quelques jours sur le sol sans les laver (24 h au
minimum). Elles se conserveront mieux.
Ensuite
rentrez-les dans une cave ou une pièce fraîche entre des couches de sable ou de
papier journal.
Il est
possible de conserver, l’hiver, les carottes en place dans le sol. Il suffit de
couper le feuillage à 1 ou 2 cm du collet et de couvrir la culture en période
de froid avec de la paille ou des feuilles sèches.
Association de plantes :
Il est
judicieux d’associer la culture de la carotte, du poireau et de l’oignon.
Chacun est répulsif du ravageur de l’autre, ainsi poireau et oignon éloignent
la mouche de la carotte qui elle exerce un effet répulsif sur la mouche du
poireau et de l’oignon.
Pas d’aneth et
de betterave avec la carotte, par contre vous pouvez l’associer avec l’ail,
cerfeuil, ciboulette, échalote, épinard, laitue, oignon, persil, poireau, pois,
radis, romarin, sauge, tomate.
Maladies et ravageurs :
Alternariose Cette maladie
est due à un champignon et apparait par temps trop humide. Les feuilles
laissent paraître des taches brun foncé, puis noires bordées de jaune puis finissent
pas se dessécher ou pourrir. Les légumes atteints pourriront au stockage. En
prévention, évitez les fumures fraîches trop riches en azote. Eclaircir suffisamment
les jeunes plants afin de favoriser une bonne aération du feuillage. Eviter
d'arroser le soir. En cas d’atteinte, un traitement à la bouillie bordelaise s’impose.
Mildiou : Cette maladie
cryptogamique (due à un champignon) est très connue, elle atteint de nombreux
légumes. Elle se développe lorsque le temps est à la fois très humide et chaud.
Sur la partie supérieure des feuilles apparaissent des tâches grises violacées
en marge des feuilles devenant vert pâle, qui finissent par se dessécher. Sur
la partie inférieure des feuilles, on verra un feutrage blanc par temps humide,
sur les tiges et pétioles, des taches brunes et sur les carottes, des bosselures
brunes.
Le meilleur
moyen de lutter contre le mildiou est d’agir préventivement car lorsque la
maladie se voit, cela fait en réalité déjà une quinzaine de jours qu’elle
progresse dans vos légumes. En tout premier lieu, il faut veiller à effectuer
une rotation des cultures, ne jamais cultiver les même légumes sur la même
planche et respecter un minimum de 3 ans avant de replanter dans le même
endroit. Ensuite, espacez vos plants, prévoyez un bon drainage et un arrosage
au pied, jamais sur le feuillage.
Pulvérisez des
traitements éliciteurs (qui renforcent les défenses immunitaires des plantes) :
Algues marines (lithothamne), Décoction de Prêle dès le début du printemps.
Renouvelez l’application régulièrement. Vous pouvez associer à vos préparations
de l'argile qui grâce à son pouvoir mouillant renforcera leur efficacité.
Si malgré tout
vos plants sont atteints, il faut enlever les parties atteintes et les brûler.
Surtout ne les jetez pas dans le compost car le champignon y restera à l’état
latent pour recontaminer l’année suivante vos légumes.
Oïdium : Au mois de mai,
lorsque l'humidité nocturne associée aux premières chaleurs printanières, se
développe un feutrage blanc sur le feuillage. C’est l’oïdium qui comme le
mildiou, est une maladie cryptogamique très connue des jardiniers. La lutte
contre cette maladie est la même que pour le mildiou.
Pour la mouche de la carotte, nous l’avons
vu, veillez à alterner les plantations de carottes, poireaux, ails, oignons. En
protection couvrez les plants d'un filet anti-insectes (mailles de 1mm maxi) pendant
la période des vols (du début mai à fin juillet en 3 vols). Installez aussi des
pièges jaunes à glu. Vous pouvez aussi vous servir de l’action répulsive de l’absinthe,
la fougère, la lavande, la tanaisie en couvrant vos plants d’un mélange de
feuilles de ces plantes. Pulvérisez en traitement curatif d'une décoction de
sureau ou purin de pyrèthre ou même d’une macération de lavande.
mouche de la carotte |
dégât de la mouche de la carotte |
Les carottes
ont dès leur levée un ennemi redoutable le
trombidion ou araignée rouge, connue aussi sous le nom de aoutât. L’insecte
s’attaque aux semis dont il dévore les feuilles tendres surtout dans les
terrains pauvres où la végétation traîne. Pour le combattre vous pouvez épandre
un peu de suie vingt jours après le semis. Arrosez les jeunes plantes avec de l’eau de suie ou
une décoction d’absinthe voire une infusion de tabac (à raison de 50 g de tabac
pour 10l d’eau).
Vous ferez ces
arrosages ou pulvérisations le matin JAMAIS LE SOIR, 3 fois à 8
jours d’intervalle.
Santé :
Sa richesse en
vitamine et en sels minéraux est reconnue :
Vitamine
A La carotte (crue ou cuite) et le jus de carotte sont d’excellentes
sources de vitamine A.
Vitamine B6 Le jus de
carotte est une bonne source de vitamine B6. La carotte crue ou cuite en est
une source.
Vitamine K Le jus de carotte est une
bonne source de vitamine K.
Vitamine B1 (thiamine) Le
jus de carotte est une source de vitamine B1.
Vitamine B2 (riboflavine)
Le jus de carotte est une source de vitamine B2.
Vitamine B3 La carotte
crue est une source de vitamine B3 pour la femme seulement.
Vitamine C Les carottes crues sont
une source de vitamine C pour la femme seulement.
Vitamine E La carotte cuite et le
jus de carotte sont des sources de vitamine E.
Fer Le jus de carotte est une
source de fer pour l’homme seulement.
Phosphore Le jus de carotte est une
source de phosphore.
Potassium Le jus de carotte est une
source de potassium.
Les dernières
études ont confirmé ses bienfaits pour la prévention de la cataracte, l’effet
protecteur contre certains cancers, et la bonne santé cardio-vasculaire.
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